La Commission Européenne a annoncé la révision de la Directive 2006/66/CE. Cela ne vous dit rien ? Et si on vous dit « recyclage des batteries au lithium » ? Focus sur un sujet-clé de la stratégie du Groupe.

Après avoir annoncé au printemps dernier la révision de la Directive 2006/66/EC, la Commission Européenne vient de publier sa proposition d’un nouveau texte, qu’elle va maintenant présenter au Parlement et au Conseil européen. Quel rapport avec Eramet ? Cette directive vise notamment à définir le cadre légal permettant le recyclage en Europe des batteries li-ion, que l’on trouve par exemple dans les véhicules électriques. Un sujet important pour le Groupe, qui se positionne à la fois comme potentiel fournisseur de métaux (lithium, cobalt, nickel) de qualité batterie et comme acteur de la chaîne du recyclage en Europe.

Photo d'un véhicule électrique

Eramet et le lithium : un positionnement sur plusieurs fronts

En 2017, une nouvelle dynamique est impulsée : Eramet intègre la transition énergétique dans sa vision d’entreprise et identifie les marchés du lithium, du nickel et du cobalt pour batteries comme des marchés porteurs et cohérents avec son portefeuille d’actifs.

Le Groupe se positionne à deux endroits stratégiques de la chaîne de valeur : l’approvisionnement à partir de gisements primaires (activités minières) et le recyclage des batteries Li-ion en aval pour valoriser les métaux contenus dans les filières de fabrication de batteries neuves.

C’est pourquoi Eramet a d’ores et déjà sécurisé un des gisements de lithium les plus prometteurs au monde à Centenario-Ratones en Argentine. Concernant le recyclage, le Groupe s’est associé à Suez et BASF pour créer le projet collaboratif ReLieVe (« Recycling of Li-ion batteries for electric Vehicle »), lancé début 2020 : « L’objectif est de développer un procédé innovant pour permettre de recycler les batteries lithium-ion des véhicules électriques. Chaque partenaire a son rôle : Suez collecte et démantèle les batteries usées, et Eramet met au point le procédé de recyclage pour récupérer la ‘black mass’, la poudre noire qui contient des métaux comme le lithium mais aussi le nickel, le manganèse et le cobalt et raffiner cette blackmass pour produire des précurseurs de matériaux d’électrode. Enfin, BASF utilise ces précurseurs pour produire des nouveaux matériaux de cathode, que l’on retrouve dans les batteries « , raconte Sophie Lebouil, Manager de Programme R&D chez Eramet Ideas.

Le recyclage des batteries en fin de vie, actuellement partiellement réalisé à l’étranger, pourrait ainsi être intégralement réalisé sur sol européen, sans passer par la case export. Compte tenu de la croissance significative des ventes de véhicules électriques, c’est une activité importante de recyclage des batteries Li-ion qui pourrait voir le jour en Europe – une façon de sécuriser l’approvisionnement en métaux pour la fabrication des batteries en Europe, et de soutenir l’économie circulaire.

Le combat d’Eramet pour le recyclage « made in Europe »

La problématique du recyclage des batteries au lithium est l’un des nombreux thèmes abordés par le « Green Deal  » le Pacte vert de l’Union Européenne. Il vise à enrayer le changement climatique et la dégradation de l’environnement, avec des objectifs détaillés dans une feuille de route à horizon 2050. Parmi ces ceux-ci : une gestion efficiente des ressources, notamment par le biais de l’innovation, du recyclage des déchets et de l’économie circulaire.

Pour faire de ces objectifs des réalités, le contexte réglementaire doit évoluer pour s’adapter à un environnement en pleine mutation, comme l’explique Nicolas Verdier, Strategy Manager : « La problématique du recyclage des batteries Li-ion était encore peu connue en 2006, l’année où cette directive a vu le jour : il y avait alors peu de véhicules électriques en circulation, et encore moins de volumes de batteries à recycler. Aujourd’hui, les véhicules électriques étant beaucoup plus nombreux, le recyclage est devenu un vrai sujet, et même un impératif. C’est pourquoi la directive de 2006 est en cours de révision, pour mieux prendre en compte les spécificités des batteries de véhicules électriques, notamment sur les étapes de fabrication et de recyclage.  »

Eramet, qui se positionne clairement comme acteur du secteur de la transition énergétique en Europe, s’intéresse donc de près à ce sujet : « Pour adapter notre positionnement et nos projets de développement, nous devons suivre de près le débat ainsi que l’évolution de la législation. Nous avons également à cœur de voir nos problématiques importantes prises en compte, notamment en matière de RSE : dans le cadre de cette révision, nous avons par exemple recommandé à la Commission Européenne de fixer des standards de performance environnementale et sociétale qui s’appliqueraient à l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries en Europe, et notamment de faire interdire l’approvisionnement en nickel auprès d’entreprises pratiquant le rejet des résidus miniers en mer, une pratique néfaste pour l’environnement que le Groupe condamne fermement« , confie Nicolas Verdier.

Un travail de longue haleine qui a rassemblé Eramet Ideas, le centre de recherche et d’innovation d’Eramet, pour son expertise scientifique et technique ; la Direction des Affaires Publiques du Groupe, pour sa compréhension des processus administratifs et son travail de sensibilisation ; et la Direction de la Stratégie du Groupe pour le pilotage de ces différents développements.

Le Groupe va-t-il donc ajouter le recyclage des batteries à son portfolio ? « A ce stade, nous réalisons des études préliminaires de faisabilité pour évaluer l’intérêt ou non de développer une telle activité à horizon 2025-2030, lorsque les volumes de batteries à recycler deviendront significatifs. D’ici là, la réglementation pourrait encore évoluer. Nous devons donc rester impliqués dans le débat, réactifs et agiles« , conclut Nicolas Verdier.